Méthodes de recrutement
Wed July 18, 2007 @ 09:48 |Un peu de sérieux, pour une fois. Même si, avec du recul, c’est presque comique.
Je n’ai jamais travaillé dans une entreprise. Enfin, jamais vraiment, j’ai fait deux stages quoi. Donc je ne connais pas grand-chose aux méthodes de recrutement de la vraie vie. Mais, en théorie, il me semble qu’il y a au moins d’abord la réception des candidatures, spontanées ou sur annonce, puis la sélection des CV les plus intéressants, puis la prise de contact, puis des entretiens.
Arrêtez-moi si je me trompe. On ne demande pas à un candidat d’accepter un travail sans avoir au moins discuté avec lui de ce qu’il est censé faire ni l’avoir jaugé, même pour quelques mois de CDD.
Et bien à la fac, pour les postes d’ATER (Attaché Temporaire d’Enseignement-Recherche), sachez que vous pouvez obtenir un CDD d’un an juste sur dossier. Pas besoin de références, vous pouvez inventer une brillante carrière de chercheur et d’enseignant. Pas besoin de discuter de votre future charge d’enseignement, vous prendrez ce que les autres n’ont pas envie de faire (comprenez l’encadrement de TP dans des matières que vous ne connaissez peut-être même pas). Pas besoin de discuter de votre éventuel projet de recherche, on verra sur place (comprenez qu’on trouvera bien un truc à vous faire faire même si ça n’a rien à voir avec ce qui vous intéresse).
Pas un mail, pas un coup de téléphone, pas d’entretien par les responsables des formations concernées. Juste un message de l’administration, papier ou électronique, pour demander de dire rapidement si on accepte ou pas, pour qu’ils continuent de taper dans la liste complémentaire.
À leur décharge, normalement ces postes sont réservés aux doctorants en fin de thèse (pour les mi-temps) ou aux jeunes docteurs (pour les temps-plein) de l’Université, les poulains locaux. Mais les temps changent apparemment… cinq demi-postes sur seize candidatures pour ma pomme. Manque d’intérêt pour les carrières universitaires? On se demande bien pourquoi. Manque d’enseignants? Il faudra peut-être finir par y réfléchir pour de vrai, à ce problème. Les Anglais ont plein de défauts, mais ils savent au moins faire la différence entre un chercheur (qui peut faire de l’enseignement) et un enseignant (qui peut faire de la recherche).
Heureusement, les recrutements de Maître de Conférences, postes permanents, sont un peu plus sérieux : il y a un entretien après sélection des meilleurs dossiers. Non, je ne parlerai pas de cette méthode habituelle qui consiste à faire venir des candidats de toute la France (à leurs frais bien sûr) pour des raisons de “transparence”, alors que l’heureux gagnant est déjà choisi. Ce serait ternir la belle réputation de notre merveilleux système.
Réforme nécessaire? Bien sûr! Mais c’est pas en réduisant le nombre de fonctionnaires qu’on va régler le problème. Enfin, ce n’est que mon avis. Pas comme si je connaissais le milieu, hein.
Le recrutement du chercheur académique est géré comme un conflit: il faut laisser pourrir. Peu à peu des cohortes de candidats, dégouttés, se réorientent. Le choix devient donc plus facile pour les “recruteurs”, surement bon spécialistes de leur domaine mais incompétents en recrutement. Il ne reste plus que les plus motivés… c’est ce qu’on pense… mais aussi ceux qui sont incapables de décoller le nez du mur, les “obtus”, qui au final sont autant recrutés que les autres. D’où l’hétérogénéité du milieu universitaire.
Pour ce qui est du processus de recrutement des ATER, c’est typique: “Soyez bien content déjà qu’on vous octroie un demi-poste avec un salaire de misère. Pour ce qui est de la recherche, ça vous plaira forcément puisque moi ça me plait”.
Désolé pour cette vision désabusée, surtout que je n’ai pas de solution à proposer.
Sinon si ça t’intéresse toujours, la période de recrutement ici commence en septembre pour une embauche au 1er décembre (au moins 5 postes à pourvoir, pas de profil pour l’instant, mais les ICT ont la côte). Courage, le privé a aussi ses avantages.
Fred: j’y réfléchis, j’y réfléchis…