Le coup de la panne
Sat December 10, 2011 @ 21:35 |Ces derniers temps, les Kamis ont décidé de tester ma résistance à la fatigue et au stress. Je pense m’être bien zénifiée depuis mon départ de Paris, j’espère donc avoir réussi l’examen. Faut que je vous raconte, mais c’est un peu long.
Le coup de la panne, c’est la bonne blague de la semaine des derniers dossiers et projets à rendre pour la fac et de l’attente d’une date pour l’inspection. Une période déjà assez difficile comme ça, avec des nuits de 4h en moyenne. Mais les voies de la Loi des Séries sont impénétrables.
Comme tous les soirs après l’école, je grimpe les lacets de la belle route des Plaines en écoutant les podcasts d’Inter. La routine quoi. Et là, ploc, plus rien dans la pédale d’accélération et la p’tite Micra qui s’arrête, sans même toussoter. Juste *ploc*.
Petit moment de panique, parce que la route est étroite donc je dérange, et qu’il est déjà 17h et que le soleil va se coucher et que les garages sont déjà fermés et que j’ai pas que ça à faire. J’ai bien de l’essence, la batterie est neuve et j’ai encore du jus, et pourtant impossible de redémarrer.
Avant, j’aurais juste complètement crisé, crié ma haine du monde, appelé le monde entier au secours parce que c’est clair je n’arriverai jamais à m’en sortir toute seule chuis trop nulle, donné quelques coups de pieds dans les pneus, hurlé de douleur parce que j’ai cogné trop fort, pensé que le sort s’acharnait sur moi, pleuré de désespoir et de frustration, arrêté une voiture au hasard et essayé d’apitoyer son conducteur. Mais non. Je décide d’en rigoler un bon coup et de chercher calmement une solution.
Long moment de solitude, à passer des coups de fils dans tous les sens : l’assurance qui m’annonce que je dois me débrouiller puisque je suis à moins de 20km de chez moi, un pote qui me cherche des numéros de dépanneurs, les dépanneurs qui me proposent leur aide pour une somme exorbitante sans pour autant soigner ma pauvre voiture… va falloir la faire remorquer dans un sens, puis dans l’autre pour la déposer dans un garage et la faire réparer, tout en louant un véhicule jusqu’à mon départ, et ptêt même rater l’école le lendemain pour régler tout ça. Allez, j’en rigole encore un coup en avalant ma dernière barre de chocolat. Et là, ma chance tourne.
Un 4×4 s’arrête et trois gaillards du coin proposent de me tracter jusqu’en haut. Vite fait bien fait, je suis sanglée et remorquée jusqu’à une station-essence. Ils connaissent le patron, qui appelle un pote garagiste, qui propose de passer chercher la voiture à la station le lendemain pour faire le diagnostic. Je laisse la clé, je me fais récupérer par mon pote, j’appelle un collègue qui passera me chercher le matin pour qu’on fasse la route ensemble. Je rentre chez moi, je cherche des numéros d’agence de location de voiture. Je souffle, je dîne, je prépare ma journée du lendemain. Tout va bien.
Le lendemain, le diagnostic tombe : l’allumeur est mort. Une pièce à 800€ qu’il faut commander en métropole, et comme c’est la période des fêtes, la poste donne priorité à l’alimentaire. Il faut compter 2 à 3 semaines, mais c’est pas sûr. Et moi, je décolle le 26. Et 900€ de réparation + 500€ de location, pour un véhicule acheté 2000, sans garantie de pouvoir le récupérer avant de partir, dur dur. Petite déprime, mais je me laisse la nuit pour y réfléchir.
Mon collègue va me trimballer toute la semaine puis je prendrai une voiture de location. Et son frère est mécano : une pièce comme ça, ça doit se trouver dans une casse et il peut la monter si tu veux. Je rappelle le garage pour leur demander, mais ils n’aiment pas monter ce genre de pièce d’occasion. Sur une Micra, la panne d’allumeur est classique, vaut mieux une pièce neuve. Le frère confirme, vaut mieux du neuf. Bon ok, je vais re-réfléchir.
Le vendredi, je passe à l’agence de location, en fait une petite famille qui loue des bungalows et quelques vieilles voitures. Je leur raconte ma mésaventure, ils me louent un truc qui roule et le patron, bricoleur, me donne le numéro d’une boutique à St-Pierre spécialisée dans les pièces neuves. Le lendemain, je cherche les références de l’allumeur, j’appelle la boutique, ils ont la pièce en stock à 550€. Tout va bien.
Le lundi suivant, je rappelle le garagiste qui accepte de monter la pièce. Le mardi, l’inspectrice me pose un lapin. Le mercredi, je passe chercher la pièce et… ils ne trouvent plus la boîte. Pas grave, leur boutique à St-Paul en livrera une le lendemain matin, et ils s’arrangeront pour l’apporter au garage dans la journée. Tout va bien.
Le jeudi, pièce livrée. Le vendredi matin, voiture réparée et inspection passée. Le vendredi soir, voiture de location rendue, quasi-pleine lune magnifique, Titine récupérée en pleine forme, puis délicieux resto à St-Pierre entre amies. Tout finit bien.
Alors, les Kamis, j’ai fait des progrès, non ?! En retour, j’ai constaté que vous aviez augmenté mon quota de chance, vous êtes des amours. Et pis, les gens sont sympas ici, quand même.
Bref, si ça continue, je vais finir bonzesse, méditant tranquillement sous le visage bienveillant de Javayarman VII. Bonzesse moderne, avec mobile, appareil photo et ordi connecté évidemment. Mais sans voiture, c’est mauvais pour le karma.