Illegal Immigrant
Sat February 15, 2014 @ 22:28 |Hier matin, comme tous les jours depuis des mois, je me lève en me disant que c’est pas encore aujourd’hui que je recevrai mon nouveau contrat.
Après tout, la rentrée est dans un mois et demi, on a laaaaaaaaargement le temps de décider qui sera en face des élèves le premier jour, n’est-ce pas ? Et il y a de par ce vaste monde des centaines de candidats hyper-qualifiés et tellement motivés pour lâcher leur taf au dernier moment afin d’être recrutés dans la meilleure école de l’univers pour des clopinettes, pourquoi se presser à prouver aux profs en place qu’ils ont suffisamment démontré leur valeur pour avoir l’extrême honneur d’être ré-embauchés.
Hier, la Saint-Valentin et son étrange manège nippon d’échange généralisé de chocolats n’a évidemment rien changé à la situation. L’Amour Universel sous vide est partout, on se sourit et on se dit merci, mais l’administration ne montre toujours aucun signe d’humanité. Ce qui pourrait se comprendre de la part de gens qui ne s’intéressent qu’aux profits engrangés par une école semi-privée dont ils ont indûment obtenu la charge, mais ils ne montrent pas non plus le moindre signe d’une quelconque compétence en gestion. Ce qui est plutôt inquiétant, vous ne trouvez pas ?
Mais hier, quelque chose me tracassait. J’avais le sentiment diffus d’avoir oublié un truc à faire, un truc un peu important. Soudain, je me suis précipitée pour vérifier mon passeport : arghl, le visa !
Oui, l’école ne fait pas des masses confiance à son personnel, surtout à ces fainéants d’étrangers toujours prêts à profiter du système. Plutôt que de faire une demande pour un visa de travail de trois ans dès le premier contrat, je n’ai donc eu droit qu’à un visa d’un an. Et même pas d’enseignant, mais ne nous attardons pas sur les détails.
Donc je serai immigrante illégale à partir du 19 mars. L’année scolaire se termine le 20, et mon contrat le 31. La bonne blague.
Bien sûr, j’ai prévenu immédiatement notre chère direction et commencé à remplir les formulaires. Mais est-ce que ça suffira ?
Rassurez-vous, je ne suis même pas stressée. Ce n’est qu’une dose hallucinogène de plus, banalité de l’environnement absurde dans lequel je baigne depuis presque un an. Ça me fait plutôt rigoler, tellement c’est ridicule.
Et j’ai de bonnes raisons de vouloir quand même rester, j’en parlerai plus tard ! Là, j’ai la crève, donc je retourne me coucher.
Ha oui, c’est quoi les bonnes raisons ?
Les cerisiers en fleurs ? J’en doute.
Le boulot, a priori pas trop…
On attend la suite.
Non non, c’est bien pour le boulot, mais pas dans les mêmes conditions. Et aussi parce que j’aimerais pouvoir profiter de la vie ici, avant de choisir moi-même de partir.
Pas de gossip digne de la St-Valentin, désolée. 😉
J’attends tout de même la suite car c’est vrai qu’on a un peu l’impression que tu es partie dans une vraie galère. Si un peu de positif pointe son nez, tant mieux.
Bon courage.