Archive pour la catégorie "Essai/erreur"


Zarb

Wed Nov 28, 2007 @ 23:36 |

Rien à voir avec la contraction du verlan de “bizarre”, que j’affectionne pourtant. Je veux parler de l’instrument persan, le zarb donc, que j’affectionne également mais dont je ne saurais pas me servir aussi facilement. Je le connaissais sous le joli nom de tombak, grâce à la jolie Niloufar, je viens de le redécouvrir ce soir.

Pour contextualiser, nous sommes en plein festival des 38e Rugissants. Cette année, sur le thème “Orient(s)”. Quand le programme m’est tombé dans les mains, j’ai vite fait ma petite sélection et j’ai couru prendre les billets. Ce soir, c’était les Histoires tombées du ciel, petits contes de traditions orales juive, chrétienne et musulmane, accompagnés de semi-improvisations musicales sur des instruments… bizarres, oui. Les histoires étaient drôles, tendres et pleines d’esprit(s). Le percussioniste m’a soufflée, avec son zarb donc. L’oud et le chant du deuxième musicien, ainsi que le centour du conteur, m’ont envoûtée. C’était comme du bon chocolat.

Alors quand les organisateurs nous ont proposé de rester pour discuter avec les artistes, j’ai pas fait ma timide. Et me voilà avec une longue liste de références à écouter pour me plonger dans cet univers de la musique orientale traditionnelle contemporaine. Ça me changera du koto

J’en profite pour m’offusquer publiquement de l’étiquette “jeune public” collée au spectacle. Ça ferait du bien à beaucoup d’adultes aussi. Loin d’Annapolis. Et pis, j’ai pas l’impression de faire tant que ça ma crise post-ado moi! Piskeucéça, je boude!

Tôfu

Wed Aug 8, 2007 @ 23:12 |

Au début, vraiment, j’aimais pas ça, ce flan blanchâtre visqueux et sans goût, à base de soja. Puis je suis allée tout au sud, à Ishigaki, où j’ai rencontré trois Japonais sympathiques, qui m’ont forcée à déguster la version locale. À cause d’eux, j’ai dû changer d’avis. Le flan avait du goût, et une texture qui se rapprochait de la crème brûlée réussie. Surprenant.

Cette semaine, pour la première fois depuis mon arrivée, je me suis décidée à acheter du tofu. Dur de choisir parmi les cinquante sortes disponibles au supermarché du coin, alors j’en ai pris un blanc, qui ressemblait le moins possible aux cubes industriels servis à la cantine. Avec une recette volée à la patronne de La Jetée, petit mélange d’huile d’olive au basilic et de sauce de soja, plus quelques flocons de pâte de poisson séché, c’était drôlement bon.

Un an, il m’aura fallu. Je suis pas une rapide.

Dans le même registre, j’ai failli rater la saison de la fabrication maison d’umeshu. Normalement c’est juin, mais j’ai un peu traîné alors les prunes commençaient à se rider quand j’ai fini par trouver le bocal adéquat. Yuki avait commandé pour moi un excellent shochu sur Internet, et j’avais du fructose en stock. Avec un mois de retard, j’ai rempli mon bocal, toute fière.

Yapuka attendre… un an, donc.

Sanbyaku

Sun Jun 10, 2007 @ 22:57 |

C’est comme ça qu’on dit trois cent ici. Juste histoire d’étaler ma science.

Ah non, c’est aussi pour remercier Pablo de m’avoir offert la BD de Franck Miller et Lynn Varley. Et pour remercier aussi John et Ryan de m’avoir proposé d’aller voir le film du même nom, dans les sièges confortables du ciné de Roppongi Hills. Oui, il vient seulement de sortir au Japon.

300: titre sobre pour une œuvre troublante. Esthétique impeccable, éthique discutable. Peu de temps morts, entassement de cadavres. Discours moderne sur fond antique. Plutôt convaincant, vraiment impressionnant. Bref, juste histoire de dire que j’ai aimé.

Se mettre minable, version française

Sun Mar 11, 2007 @ 23:11 |

Hier, pour tenter de calmer la rage entêtante qui m’a envahie brutalement vendredi soir, suite à une conversation que je voulais effacer, je suis allée boire avec deux amis. Mauvaise idée, évidemment, mais j’avais besoin de me défouler. On a commencé tôt, et je n’avais pas beaucoup mangé. L’une a dû partir, avec l’autre nous sommes allés faire passer le reste de la pilule au karaoke. On s’amusait bien. Je n’ai pas senti l’alcool monter, alors que je m’arrête généralement bien avant de le regretter. Et vers 2H du matin…

Je n’ai jamais été malade à ce point à cause de l’alcool. Pas d’inquiétude: je n’ai pas fini à l’hôpital, et mon estomac est presque de nouveau en place. Et il y avait deux toilettes pour les filles. Mais bon, pas de quoi être fière.

Deux avantages: la rage est passée, et je vais faire des économies dans les prochains mois en me limitant au jus d’orange. Faut toujours essayer de voir le bon côté des choses.

O.S.N.I.

Mon Feb 26, 2007 @ 21:35 |

(Objet Skiant Non-Identifié)

Voilà, j’ai donc (presque) soigné ma bronchite à coups de remonte-pentes ces trois derniers jours. Cette année, nous sommes allés à Nozawa Onsen, du côté de Nagano. Petite ville agréable, avec une douzaine de onsens publics gratuits, dans de jolis bâtiments en bois, entretenus par des bénévoles. La pension, au nom générique au possible (Lodge Nagano), s’est avérée un bon choix: pas chère, tenue par des Australiens sympas et très serviables.

Les microbes ayant gâché mes nuits et absorbé une bonne partie de mon énergie, j’ai dû me contenter des pistes vertes pour jambes molles. Un accident aurait été malvenu en cette période particulièrement chargée côté boulot… mais c’était quand même un vrai plaisir que de sentir à nouveau la neige fraîche craquer sous mes skis, et le soleil inonder mes joues. Et suivre Shoko dans ses toutes premières descentes!

Errata sur shirako

Sun Feb 18, 2007 @ 21:56 |

Je vous ai récemment parlé du shirako: un organe blanc et mou du poisson, similaire à du foie. Il semble qu’il ne s’agisse pas du foie, mais plutôt de la gonade mâle… je dois admettre que la coucougnette de poisson, c’est fin, ça se mange sans faim.

Überacting: the key for a bloody suicide

Sun Feb 18, 2007 @ 10:50 |

Rassurez-vous, je ne compte pas me jeter d’ici peu de la Tokyo Tower, j’ai mieux à faire en ce moment. Car depuis hier, me voilà face à un terrible dilemme: ai-je enfin l’opportunité de changer radicalement de carrière?!

Non, rien à voir avec la récurrente crise de confiance qui fût l’objet d’un récent billet doux-amer: figurez-vous que j’ai entamé une carrière de star de la télévision japonaise. Si si.

Enfin presque. Faut commencer par le commencement: deux phrases complètes juste pour moi, dans une reconstitution express de l’histoire d’une Japonaise ayant traversé l’Australie en chaise roulante, en 1992. Damian a été parfait dans son rôle de docteur, et Tim excellait dans son rôle muet d’employé de bureau en fond de scène. Quant à moi, je me suis bien amusée à jouer une employée d’office du tourisme Australien.

Heureusement, pas besoin de savoir jouer pour ce genre de drama. Ou plutôt, pas besoin de savoir jouer pour un drama japonais tout court, l’essentiel étant justement de surjouer, largement au-delà de la limite du ridicule. Même pas besoin de savoir vraiment parler Anglais pour passer pour une Australienne: mon accent Français n’était rien à côté de la pitoyable performance d’une autre actrice amateur d’origine d’Europe de l’Est.

Ils nous ont gentiment fourni un script… en Japonais, qu’il a fallu d’abord traduire pour eux! Avec les indispensables well, you know et bloody qui ornent délicatement chaque phrase de l’Australien moyen. En exclusivité, petits veinards, voici la totalité de mon texte:

“Well, that route doesn’t have a path, you know, so it will be quite difficult. Crossing the Nullarbor on a wheelchair is bloody suicide!”

Je vous laisse imaginer la scène, avec moult gesticulations et grimaces exprimant toute l’ampleur de mon désarroi empathique. On voulait rajouter discrètement “Are you on crack?!”, mais comme je ne comprenais rien aux instructions au moment de tourner, j’ai raté l’occasion de le placer. Damian, authentique Britannique, a été meilleur que moi au moment d’improviser son propre texte: espérons que sa scène soit doublée, et pas juste sous-titrée…

Je vais donc bientôt passer à la télé, dans une émission prisée des femmes au foyer et des écoliers depuis une dizaine d’années. Je remercie d’ores et déjà mon agent et amie, Kiyomi, sans qui je ne serais rien. Et hop, à moi la gloire…

Nouvel an nippon, en famille

Wed Jan 3, 2007 @ 18:50 |

Comme je l’avais expliqué l’an passé, contrairement à la France, Noël n’est pas une date très importante pour les Japonais alors que le Nouvel An si. Noël, c’est pour les jeunes couples (je ne l’ai pas vraiment fêté, donc), alors que le Nouvel An est l’occasion de se retrouver en famille pour manger, dormir, regarder la télé, remanger… l’année dernière, je jouais encore les djeuns alors j’ai attendu le compte à rebours en boîte de nuit. Une ligne de moins sur ma todo-list. Cette année, j’ai été invitée par mon amie Kiyomi à goûter à la version traditionnelle, à partir du 1er janvier, chez ses parents près de Shizuoka. En effet, on a mangé, dormi, regardé la télé, remangé…

Je n’ai pas retenu le nom de tous les plats qu’on m’a fait essayer en deux jours, mais je peux au moins affirmer m’être fait servir un dîner entier à base de fugu, ce fameux poisson dont il vaut mieux savoir retirer la glande toxique. Apparemment, le poissonnier avait bien fait son boulot. Nous avons donc dégusté ce mets de choix en fines tranches crues (*), peau caoutchouteuse proposée séparément, puis en morceaux cuits dans le nabe. Lequel nabe a d’ailleurs ensuite servi à préparer une délicieuse soupe de riz (ojiya). Le tout arrosé de merveilleuses bouteilles de sake d’Aichi. Miâââm.

On m’a particulièrement recommandé un organe blanc et mou, le shirako, qui avait la texture du foie gras mi-cuit et qui s’est révélé être effectivement le foie mi-cuit du fugu. Apparemment le top du top, que je n’ai probablement pas su apprécier à sa juste valeur mais que je n’ai pas eu le temps de regoûter: tout le monde s’était jeté dessus. Et il y en avait du monde, de tout âge… ça m’a rappelé d’autres fêtes de famille animées! Sauf que là, je ne comprenais pas grand-chose aux conversations.

J’ai eu droit à d’autres plats typiques du Nouvel An: les kuromame, délicieux haricots noirs sucrés, les sacs d’œufs d’un poisson prolifique pour garantir une nouvelle année fructueuse, une espèce de ragoût de poulet avec des nœuds d’algues cuites, des tranches de racines de bardane et des morceaux de bambou, etc. Je n’ai hélas pas eu l’occasion de goûter les longues sobas à avaler bruyamment aux alentours de minuit le 31 décembre pour se souhaiter longue vie.

Car si vous avez bien suivi, le 31 vers minuit, j’étais dans mon petit temple à me souhaiter bonne santé. On peut pas tout faire, hein. Peut-être en décembre prochain, si je reste encore un peu?

  • (*) accompagnées de sauce de soja, sans wasabi mais avec une pâte équivalente au gingembre et aux carottes, joliment appelée momiji-oroshi, que je traduirais maladroitement par le “râpé à la couleur d’automne”

Que le spectacle commence!

Sat Dec 2, 2006 @ 12:34 |

Dimanche dernier, c’était journée cirque. Nous nous sommes levés un peu tôt, pour traîner dans mon quartier préféré de détente dominicale: Harajuku. En sortant de la station, vous avez le choix:

  • la rue commerçante Takeshita-dori, où vous trouverez pêle-mêle des fringues punk-goth-lolita ou hippie, des costumes de maid (1) et des chaussettes indescriptibles ;
  • le pont où se retrouvent les cosplayers (2), aux costumes, coiffures et maquillages improbables, le plus souvent des filles qui restent des heures entre copines à se faire prendre en photo ;
  • la partie calme du parc de Yoyogi, avec le temple shinto Meiji-Jingu, où se déroulent défilés traditionnels des cérémonies de mariage et nombreux événements religieux et saisonniers. J’aime particulièrement l’exposition annuelle de chrysanthèmes et la “fête de l’au-revoir aux poupées”. L’occasion d’admirer robes de mariées et kimonos de fête.
  • la partie moins calme du parc de Yoyogi, avec les groupes de musiciens (de la J-pop sirupeuse, du jazz, du rock… du très bon au très mauvais!), l’Association des Rockabillies de Tokyo, fiers de leur superbes bananes ultra-gélifiées et qui s’agitent par tout temps sans lâcher leur blouson en cuir ni leur peigne, ceux qui s’entraînent au skate, au vélo d’acrobatie, à la capoeira, aux claquettes, au jonglage… l’endroit idéal pour un pique-nique.

Puis, nous avons un peu galéré pour arriver jusqu’au chapiteau du POP Circus, une troupe d’Osaka installée pour quelques mois à Tachikawa, en banlieue de Tokyo. Comme toujours, un public Japonais bon enfant, capable de faire tout ce qu’on leur demande sans peur du ridicule, qui rit aux blagues déporables des clowns, et qui trouvent les petits chiens super kawai (3).

Petite piste et petite troupe, mais un joli spectacle. L’adrénaline et le vertige qui me boostent en suivant des yeux grands ouverts les trapézistes et les acrobates, l’excitation et l’admiration devant la souplesse, la force, l’équilibre et la grâce des artistes. Pas devant leurs costumes kitschissimes, mais ça…

Par contre, j’aime pas les clowns. Peut-être depuis que j’ai dévoré Ça de Stephen King? Mais là, les entendre répéter sumimasen (4) et daijobu (5) m’a permis de supporter leurs sketchs. J’ai même rigolé quand l’une de leurs peluches s’est mise à marcher… j’ai applaudi le pauvre chien qui devait étouffer sous son déguisement de tigre!

Aaaaaah les costumes…

  • (1) maid: servante, bonne. La mode des costumes de maid fait rage depuis quelques années à Tokyo, en particulier dans le quartier de Akihabara. Mais ça mérite un billet entier.
  • (2) cosplayers: littéralement, ceux qui jouent à se costumer.
  • (3) kawai: mignon. Les Japonais (et surtout les Japonaises) l’utilisent sans cesse, ici presque tout est kawaiiiiiiiiiii.
  • (4) sumimasen: pardon, désolé(e)…
  • (5) daijobu: sans problème, tout va bien…

L’art de la procrastination

Thu Nov 23, 2006 @ 21:58 |

Récemment, plein de choses sympas, et plein de boulot moins sympa.

D’abord, j’ai passé un agréable long week-end au vert, en compagnie d’amis charmants (dont un qui a été profondément marqué par cette excursion hors de la Yamanote). Puis je me suis enfuie sous le soleil d’Okinawa pour fêter mes 25 ans (pour la n-ième année consécutive), cette fois sur la plage, avec barbecue de poissons frais et légumes variés, gâteau au thé vert et pâte de haricots rouges, et, comme je l’avais demandé à mes amis de Naha, feux d’artifice tout comme dans Sonatine. Le bonheur…

Les autres jours: glandouille, promenades à pieds, en bateau et en voiture, snorkeling et kayak de mer, aquarium et château, minshukus accueillants avec l’inévitable spam grillé au petit déj… nous sommes restés sur l’île principale, car j’avais déjà visité les îles du sud en juin dernier et que 6 jours c’est court. J’étais avec Stuart, qui a pris plaisir à expérimenter l’encastrage de voiture dans un poteau en béton qu’il jure n’avoir pas été là 2mn auparavant. Les policiers ne nous ont pas cru. Ils ne voulaient pas croire non plus que cet étrange gaijin ne parlant pas un mot de Japonais, en possession d’un passeport Australien et d’un permis de conduire Français dûment accompagné de sa traduction en Japonais, avait bel et bien le droit de conduire au Japon. C’est écrit , pourtant. Mais c’était drôle de voir tous ces gens défiler pour le constat, de s’excuser platement une bonne cinquantaine de fois, de se faire aider par les flics pour balayer les miettes de pare-brise, et de finalement récupérer une voiture plus grande pour le même prix (ok, faut compter la franchise quand même, mais vu l’état de la voiture après notre passage, on s’en est bien tirés…).

 

Comme en juin, j’ai eu l’impression de quitter le Japon pour retrouver la Thaïlande. Du baume au cœur pour quelques mois!

Seulement voilà. Comme toute procrastineuse professionnelle, il me fallait une bonne excuse pour que ma motivation, à bloc à mon retour sous l’effet combiné de la chaleur et des vacances fantastiques, ne retombe comme un soufflé sorti du four: j’ai attrappé un joli rhume. À plat pendant plusieurs jours, le cerveau vide, la tête à l’envers, comme bourrée sans avoir eu besoin de boire. Pas de chance, n’est-ce pas?! D’autant plus que je commence à être franchement à la bourre sur mon projet, et qu’il serait temps que j’y passe 10H par jour, quelques week-end compris, pour avancer. Mais à la place, c’est tellement mieux de rester au lit…