Archive pour la catégorie "Essai/erreur"


Questions de lycéennes…

Thu Oct 26, 2006 @ 22:45 |

“En France, toutes les filles sont aussi jolies et bien habillées que vous?”

Gloups. Heureusement, celle-là, elles ne me l’ont posée qu’à la fin, en privé! J’ai senti le sang me monter aux joues, et j’ai balbutié qu’en France, on trouve que ce sont les Japonaises qui sont jolies et bien habillées. Elles ne m’ont pas crue, ces attachantes adolescentes cachant leurs rires gênés derrière leurs mains, comme le font les Japonaises de tout âge. À part ça, j’ai été ravie qu’on me pose des questions, mais surprise que seules les filles osent prendre la parole. À croire que la guerre des sexes est universelle.

J’ai donc passé environ une heure en compagnie d’une quarantaine d’élèves d’un lycée Japonais, à leur présenter une version très édulcorée de mon domaine de recherche. Parler de créatures virtuelles, d’intelligence artificielle, d’émotions simulées à ceux qui ont grandi au milieu des AIBOs et autres tamagochis, c’est tout de même plus facile que pour les physiciens quantiques. Mais ça reste un exercice délicat, la vulgarisation! Surtout lorsque le public n’est pas à l’aise en Anglais. Heureusement, un des doctorants de mon équipe s’était dévoué pour m’accompagner. Ma première performance avec traduction simultanée!

Ah, dans les écoles aussi, il faut se déchausser. J’avais l’air maligne, moi, en jupe longue et chaussons en plastique… je me suis cachée au plus vite derrière le bureau. Les élèves portent des baskets blanches, partie de l’uniforme, qu’ils rangent soigneusement dans leurs casiers avant de remettre leurs chaussures de ville.

Autre surprise de taille: le salut en début et fin de cours. Au signal du professeur, la classe entière se lève, baisse humblement la tête et marmonne je-ne-sais-quoi, avant de se rasseoir. Je ne savais pas quoi en faire, alors j’ai gentiment répondu tout pareil. J’espère que je n’ai pas bousculé les règles ancestrales!

Et comme à chaque fois que j’ai eu l’occasion d’enseigner, je me suis vraiment fait plaisir… ouain, pourquoi je suis partiiiiiiie?!

Souuuuuuuuus le soleil…

Thu Oct 12, 2006 @ 10:16 |

Le week-end dernier était judicieusement prolongé par un lundi férié, pour cause de fête du Sport et de la Santé. Pendant que certains s’insurgeaient contre les tentatives de feux d’artifice de nos amis-voisins Nord-Coréens, mes deux visiteurs et moi-même étions tranquillement en train de profiter du temps magnifique dans la péninsule d’Izu. Enfin, de l’air!

Baignades dans l’océan (pour eux), mitraillage photo (pour moi), onsens deux fois par jour (pour tous), dont un adorable rotemburo (bain extérieur) en haut d’une falaise presque bretonne, face au coucher de soleil… beaucoup de train et de bus aux horaires délirants, et j’ai dû parler Japonais souvent, c’était un peu crevant mais tellement bon.

Puis lundi soir, découverte du théâtre , dans la cour d’un temple de Kamakura, ancienne capitale blindée de temples et d’autels à moins d’une heure de Tôkyô. Alors, comment décrire le . C’est… euh… particulier. Intéressant. Un peu comme l’opéra, en plus abstrait et plus lent, pas vraiment chanté mais pas vraiment parlé non plus. Un poil limite ch… long. Le spectacle était découpé en trois actes: un loooong drame, une courte pièce comique, un loooong drame. On a zappé la troisième partie.

Le premier drame a duré 1H50. J’ai dormi la moitié du temps (ce qui est parfaitement admis ici, je le rappelle), puis j’ai observé minutieusement les allers-retours au ralenti des acteurs, dans leurs extraordinaires costumes, et essayé de comprendre les paroles: mission impossible, m’a-t-on expliqué par la suite, car même le public nippon ne saisit pas la moitié de ces textes psalmodiés en vieux Japonais.

Le Kyôgen, petite détente entre les deux pièces dramatiques, plus rapide et en Japonais moderne prononcé normalement, ressemblait à un sketch à la Molière, histoire de maître râleur et de valet malicieux. Mais avec un petit côté étrange: l’invité du maître se transforme en moustique, que le maître assomme à coup d’éventail géant. Quand même plus dynamique, et plus facile à suivre.

Pour résumer: Izu, en particulier Shuzen-ji et Dôgashima, j’y retournerai c’est sûr, mais en louant une voiture. Le , c’est comme le Fujisan: contente de l’avoir fait, mais on ne m’y reprendra plus.

Les chutes du Niagara

Mon Jul 24, 2006 @ 22:22 |

Une ligne droite qui s’illumine peu à peu de toutes les couleurs, puis de flamboyantes giclées de blanc: une véritable cascade de feu! Un des effets du superbe feu d’artifice que nous avons pu admirer hier soir, à Chofu (banlieue ouest de Tokyo). L’été japonais est l’occasion de profiter des multiples festivals de “fleurs de feu” (hanabi). Tranquillement installés sur de grandes toiles plastifiées, les mêmes que celles utilisées au printemps pour fêter les cerisiers en fleurs, au milieu d’une grande pelouse soudainement peuplée de milliers de Japonais. Près de la moitié du public est habillé pour l’occasion en yukata, un kimono de coton.

Cette fois, nous aussi étions en yukata. Garçons et filles. Nous sommes allés les acheter juste avant avec Kiyomi, dans une petite boutique proche de chez elle. Pour moi, fleurs rose bonbon sur fond noir, obi (1), geta (2) et petit sac assortis. Les propriétaires nous ont aidés à les passer: heureusement, parce que le nœud de obi, c’est pas de la tarte! Je ne sais pas trop comment je vais pouvoir le refaire seule pour le prochain festival.

Claude, Bruno et Renaud étaient là. Les Quantiques aussi. Un vrai régal de partager ce moment avec les amis.

(1) obi: large ceinture de kimono
(2) geta: sortes de tongs en bois

Au coiffeur

Sun Jun 18, 2006 @ 22:13 |

Suite à un léger malentendu hier, dans mon salon de coiffure préféré où j’ai toujours autant de mal à me faire comprendre entre mon Japonais basique et leur Anglais à peine meilleur, me voilà avec les cheveux courts. La couleur est bonne (brun avec de magnifiques mèches oranges), mais quand elle a dit littéralement “un peu – couper” je pensais qu’elle couperait un peu, pas qu’elle m’en laisserait un peu. Honnêtement, le résultat me plaît quand même, mais je n’ai pas eu de coupe aussi radicale depuis le collège. Je crois me souvenir qu’il fut un temps où ces mêmes cheveux m’arrivaient aux fesses.

Bah, c’est l’été: ça me tiendra moins chaud, et ça repoussera vite!

Olive & Tom

Tue Jun 13, 2006 @ 01:10 |

Pour ceux qui ont vécu ces délicieuses années où la télé française nous abreuvait de séries animées japonaises de qualité variable (merci Dorothée), vous vous souvenez probablement de celle-là, au graphisme navrant, qui narrait les aventures d’un apprenti joueur de foot. Pour les autres, vous avez compris l’idée. Bref, c’est la Coupe du Monde en ce moment, je dis ça au cas où vous ne l’auriez pas remarqué. C’est pas que ça me passionne d’habitude, mais étant au Japon et ayant décidé d’expérimenter un peu tout et n’importe quoi…

Donc ce soir, je suis allée pour la première fois voir un match en direct dans un bar. D’ailleurs, mon premier match de foot tout court. C’est que c’était Australie-Japon, alors c’était vachement important. Et j’ai beau ne pas y connaître grand-chose au foot, j’ai trouvé que les Australiens avaient bien mérité leur victoire parce qu’ils avaient un beau jeu d’équipe. Je me suis bruyamment réjouie. Et j’ai ressenti une agréable tension au cours des dernières minutes. Enfin, la même que quand je vois des potes gagner contre la PlayStation, quoi.

Pour être honnête, je n’y allais pas vraiment pour le match, mais d’abord pour observer le public. Japonais, principalement. Comme prévu, il était bon enfant et fairplay. Terriblement tristes d’avoir assisté à l’échec cuisant de leur équipe, ils admettaient quand même que les autres avaient bien joué. Et ils n’ont pas cassé de vitrines ou brûlé de voitures parce qu’ils étaient énervés. Non, ils sont rentrés simplement chez eux, plus ou moins souriants mais sans hargne.

Je pourrais bien y retourner, voir un match dans ces conditions, finalement.