Archive pour la catégorie "En vrac"


Lost in translation, épisode 4

Tue Jul 6, 2010 @ 17:47 |

Il aura fallu braver les conditions météo catastrophiques en Asie et négocier gentiment avec Air China, naviguer entre les comptoirs et faire des heures de queue, se taper des allers-retours et somnoler dans le RER, l’avion, le train… mais ça y est, je suis arrivée à Tokyo !

Un bon bain, une bonne sieste, et j’ai pu démarrer par un tour du quartier où je suis hébergée. Là où, dans mes souvenirs, je vivais il y a quelques mois à peine.

Retour troublant dans cette maison qui m’a accueillie à mon arrivée. La famille adoptive est là. Ainsi que le petit temple, par lequel je suis évidemment passée pour remercier les Kamis. Parce que vraiment, merci.

Presque rien n’a changé par ici, à part cette boulangerie transformée en clinique dentaire. Je me rappelle mes premiers jours: j’étais entrée dans la boutique pour tester mon maigre Japonais. Je leur ai demandé si on était bien à “thon rouge”. C’est pas ma faute, maguro et Meguro, ça se ressemble quand même pas mal. Les restos de sushis, yakitoris et nouilles sont toujours là. D’ailleurs, premier dîner obligé au sushi tournant de la station de métro, bon et pas cher. Arrosé à l’umeshu, comme il se doit.

Demain, je continue la tournée des popotes… natsukashii, comme on dit.

Entre fauve et civet

Fri Jun 11, 2010 @ 19:12 |

Le Tigre m’a mise à l’épreuve depuis son arrivée, il est gentil quand même de ne pas avoir mis trop les griffes. Je m’attendais à douiller encore un peu jusqu’à ce que le Gentil Petit Lapin vienne détendre l’atmosphère, mais le félin a préféré me récompenser de ne pas avoir lâché prise malgré son air féroce…

Ok, je vais être plus claire. J’en ai vraiment bavé cette année, mais j’ai vraiment le cul bordé de nouilles au final, voilà!

On vient d’être informés de nos affectations pour la rentrée prochaine. Je n’avais pas perdu mon temps à demander un poste dans l’ouest ou le sud de l’île, très recherchés. Moi, je rêvais juste d’une classe à temps-plein en maternelle, n’importe où. Pitié, non, pas un poste fractionné avec 2 à 4 classes différentes par semaine! Je veux savoir ce que c’est de diriger sa classe! Même dans un bled où il pleut tout le temps, m’en fous!

Résultat, je suis envoyée dans le sud, sur un temps-plein, dans une école maternelle d’application… le genre de poste réservé à ceux qui ont de l’expérience, et un titre de maître-formateur. C’est donc un poste temporaire, pour un an seulement, mais si les nouilles restent en place, je m’envole pour l’Asie à la rentrée suivante.

Allez, Lapin, sois sympa toi aussi.

Souvenir d’Okinawa

Mon Jun 7, 2010 @ 18:34 |

Je pleure rarement. Plus rarement encore pour moi-même. Je me demande souvent si c’est normal, d’ailleurs. Mais ce soir, coincée dans les éternels embouteillages dyonisiens, je n’ai pas pu m’en empêcher.

J’étais pile à l’heure pour “Là-bas si j’y suis”, drôle d’émission de France Inter que j’ai la chance de capter avec 2h de décalage. J’écoutais donc simplement un vieux monsieur de Tokashiki, charmante petite île au sud d’Okinawa où j’ai passé d’excellentes vacances, un jour. Sans savoir.

Ce vieux monsieur avait 16 ans quand les Alliés ont débarqué dans les environs. L’empereur avait alors ordonné à la population de se donner la mort, leur faisant gober que les Américains étaient de véritables démons qui feraient subir à leurs familles viols et tortures inimaginables. Les maires ont relayé les ordres et les divagations.

Alors, comme beaucoup d’autres, le jeune garçon et son frère à peine plus âgé ont massacré en urgence leur mère, leur petit frère et leur petite sœur, ainsi que quelques voisins. Pour leur éviter l’horreur promise. Puis un autre garçon leur a proposé d’aller se battre contre les démons, plutôt que de se suicider tout de suite. Ils l’ont suivi. C’est là qu’ils ont compris…

Ce vieux monsieur se bat encore pour que ce “détail” de l’histoire soit inscrit dans les livres, sous le doux nom de suicide forcé.

Les larmes sont parties toutes seules, sans me demander mon avis. Mettons ça sur le coup de la fatigue des derniers mois.

Prescription médicale

Sun May 30, 2010 @ 18:45 |

Cette semaine, mon médecin m’a fait une prescription assez spéciale et sans ordonnance : je dois bêtement sortir plus souvent de chez moi pour aller prendre l’air et marcher au moins 30mn. Il a bien raison : ça doit être à ma portée, et ça ne devrait pas coûter trop cher à la Sécu.

Aujourd’hui, donc, je me suis forcée à sortir de chez moi, au moment idéal où la lumière devient douce et dorée. Je voulais juste faire le tour du Jardin de l’État, qui se trouve à 5mn de chez moi.

J’ai drôlement bien fait. D’abord, j’ai marché. Ensuite, je me suis gentiment fait draguer par une bande de jeunes militaires arghlement tatoués, qui n’ont pas dû remarquer que j’avais bientôt le double de leur âge. J’ai respecté la dose prescrite : au moins 30mn.

Enfin un effet secondaire positif à un traitement de choc. Merci docteur.

Quinté gagnant

Wed May 26, 2010 @ 20:15 |

À mon retour en France, j’avais joué au tiercé, souvenez-vous. Après ça, j’ai été moins efficace : rhume par-ci, gastro par-là, coups de pompe réguliers, juste les bonnes habitudes quoi. Jamais de gain sérieux, non, pas comme d’autres qui ont beaucoup moins de chance que moi. Moi, il ne m’arrive jamais rien d’important de toute façon. Je suis le prototype de l’élément neutre, ennuyeuse à mourir. Alors j’aime bien transformer les collines en montagnes, ça m’occupe.

Donc, récemment, j’ai voulu rejouer, histoire de pimenter ma petite vie tristement routinière. Grosse envie d’effet de série probablement due à la fatigue qui s’accumule depuis janvier. Pour votre plus grand plaisir, et même si vous n’en avez rien à battre, taratata, voici l’ordre d’arrivée des merdouilles pour les dernières semaines :

  1. victoire inattendue de Subluxation-machin-bidule au poignet, qui m’a fait découvrir les joies de la vie à une seule main pour quelques jours, je plains sincèrement les manchots du coup;
  2. Joe Petit-Rhume, fidèle au trio de tête;
  3. Mister Staphylocoque-dans-l’nez qui a suivi de près (remercions au passage la formidable équipe des mouchoirs qui lui a permis d’accéder à cette troisième place);
  4. et bien sûr l’indispensable Bouton-de-Fièvre, pour finir la course en beauté et confirmer qu’il est temps de faire une pause.

 

Notons la découverte dans le public de Miss Endométriose, vraisemblablement présente depuis un bail mais qu’on n’avait pas encore remarquée sous son déguisement, petite maline va.

J’attends avec impatience les résultats de la prise de sang pour vous annoncer le retour tant attendu de Lady Anémie. Je l’aurai, ce Quinté+, je l’aurai…

Un an et des bananes

Sun May 16, 2010 @ 20:29 |

Déjà plus d’un an que j’ai débarqué sur cette île de l’éternel été. J’avais déjà été adoptée par Gilberte, sa famille, ses amis. J’avais déjà flashé sur les rues de St-Denis, bordées de grenadiers, de manguiers, de frangipaniers, de palmiers, de bougainvilliers de toutes les couleurs.

J’avais déjà rencontré ceux qui seraient mes colocs pour 6 mois. J’avais déjà passé les épreuves écrites qui m’avaient demandé tant de mois à me bourrer le crâne, et que je serais bien incapable de repasser maintenant. Je prenais déjà quelques jours de vacances bien mérités.

J’avais déjà eu ma première dose de Tempo à St-Leu: un étonnant cocktail de spectacles de rue, de cirque, de danse, de théâtre, de musique, de marionnettes… il m’a fallu attendre un an pour y retourner. Mais cette fois, je suis passée par la route des Tamarins, terminée entretemps.

Puis les oraux, puis les cartons, puis la rentrée. Départ sur des chapeaux de roues de F1, motivée à bloc. Les nouveaux amis, la famille en visite, les fruits de l’été austral, un court séjour studieux à Mada, le tout arrosé de beaucoup, beaucoup trop de boulot, de fatigue, de pression inutile, de santé fragile. La motivation bat de l’aile, je suis juste pressée d’en finir.

Et à nouveau ce festival, qui me fait jeter un petit coup d’œil dans le rétro… je n’ai encore pas vu passer cette année.

0,4

Mon May 10, 2010 @ 14:22 |

Il ne s’agit pas de mon taux d’alcoolémie actuel, mais de mon barème d’agent de la Fonction Publique actuel.

En gros, c’est le nombre de points qui permet de classer les candidats pour les affectations. J’adore l’ironie du système, qui nous offre 0,4 points au lieu de 0, parce qu’on a effectué quelques mois en tant que fonctionnaire stagiaire. Mais soyez rassurés, tous les débutants célibataires sans enfants ont 0,4. Comme sur le même poste avec ce même barème ridicule, c’est le plus vieux qui gagne, j’ai mes chances! Ah ah.

J’espère ardemment avoir un poste entier, dans une classe de maternelle. Parce que se taper quatre classes de niveaux complètement différents chaque semaine, je ne trouve pas ça très formateur… c’est déjà particulièrement frustrant d’avoir une classe seulement une fois par semaine, alors quatre!

Bah, faut voir le bon côté des choses, ils ne peuvent pas m’envoyer en dehors du Département, donc je reste de toute façon sur “mon” île. On se console comme on peut en attendant les résultats.

PS/ Ouais je sais, entre le 3 mars et le 10 mai, j’ai rien écrit. Pas de coupure du Net, mais une espèce de faille spatio-temporelle qui m’a, semble-t-il, empêchée de toucher terre depuis un petit moment. Faut pas m’en vouloir, je vous aime quand même hein.

La découverte du jour (2)

Wed Mar 3, 2010 @ 20:19 |

Aujourd’hui, nous avons eu un cours de physique très condensé (comme j’aime) et très instructif (comme j’aime aussi), grâce auquel j’ai appris que les orbites des planètes du système solaire sont bien elliptiques… mais quasiment circulaires.

La vision biaisée d’orbites fortement elliptiques, qu’on a généralement, vient de l’habitude de les représenter inclinées. Représentation qui aplatit le cercle pour en faire une ellipse, c’est tellement plus joli et ça tient beaucoup moins de place.

Comme disait un homme formidable : étonnant, non ?!

La découverte du jour

Sun Feb 14, 2010 @ 23:24 |

Alors, enseigner, c’est bon pour les neurones et la culture. À condition de garder un peu de sa curiosité d’enfant, bien sûr, sinon on reste dans son coin à rabâcher le texte d’un manuel qu’on ne comprend peut-être même pas vraiment.

Demain, je dois faire une séance de sciences sur les fruits, notamment sur la différence entre la notion de fruit en botanique et les fameux cinq fruits et légumes qu’on doit manger chaque jour. Donc ce matin, j’ai fait le marché, pour avoir mes échantillons à faire tripoter. Et là, surprise : des cacahuètes fraîches. J’avais jamais vu des cacahuètes fraîches. Je m’dis  “Super, je vais leur montrer des cahouètes, c’est un bon exemple de fruit ça.” Je m’en prends une poignée… et je me retrouve la main pleine de terre.

Stupeur ! (et léger tremblement)

Si c’est dans la terre, c’est pas des fruits, hein… c’est quoi alors ?! Perplexe, je repars avec mes 10kg de fruits et légumes, et mes mystérieuses cahouètes.

Merci le Net, je tombe sur la page de Wikipédia sur l’arachide. Plante incroyable, qui enterre ses fleurs dès qu’elles sont fécondées. Donc, c’est bien des fruits, qui poussent dans la terre.

Et là, j’ai pas perdu ma journée.

Débranchée

Thu Jan 21, 2010 @ 09:31 |

Un mois et demi sans Internet. Pile poil pour les fêtes de fin d’année, au moment où je profite généralement de quelques jours de vacances pour prendre des nouvelles d’un peu tout le monde, grâce à ce formidable outil qu’est le courrier électronique. Découvert il y a… pfiou, déjà 18 ans (oui, j’avais 7 ans à l’époque et j’avais déjà accès au réseau de l’Université, non mais). Qui m’est rapidement devenu indispensable.

Puis les tonnes d’informations et de services disponibles sur le Web et accessibles via les moteurs de recherche. Et la merveilleuse fée ADSL, qui nous apporte tout ça sur un plateau à la maison. Aussi évident que l’eau courante.

Et là, on se retrouve bête, quand la connexion ne fonctionne pas, semaine après semaine. Et que, pour une fois, on n’a pas d’accès professionnel non plus. Surtout pour des soucis du quotidien : besoin de l’adresse de la médiathèque ou du numéro d’un plombier ? Il faut réapprendre à utiliser l’annuaire papier ou appeler le 12… ah non, ça n’existe plus c’est vrai, ya plein de numéros débiles maintenant. Zut, comment on fait ?! Attends, je googlise… ah non, c’est vrai, j’ai pas Internet. Argh.

Sans compter ceux qui découvrent avec étonnement qu’on n’est pas au courant de la grande soirée organisée par Bidule, t’as pas reçu le mail ? Euh, non, j’ai toujours pas Internet.

Une habitude bien ancrée donc, d’accès continu, instantané ou différé mais toujours facile aux dernières nouvelles du monde et de son petit monde. Petit monde qui s’inquiète assurément de ne pas avoir lui-même de nouvelles régulières ou de réponse rapide.

Un réflexe acquis donc, de sauter sur le clavier, là, juste à côté, pour trouver et retrouver une information, plutôt que de la retenir ou de la noter précieusement, car on sait que trois mots-clés suffisent.

Une horreur indicible donc, quand il faut se débrouiller sans… et qu’on découvre l’étendue de notre dépendance.

En bref, dans l’ordre :
– oxygène
– eau
– nourriture
– électricité
– mon petit Mac
– téléphone mobile
– Internet