Tremblote

05:22 | Pas de commentaire

Ah tiens, le plus fort et le plus long tremblement de terre que j’ai ressenti depuis mon arrivée ici. Magnitude 6,6. À 5h11, entre deux occurrences de mon alarme. Ça doit vouloir dire “Lève-toi feignasse.”

March

00:19 | Pas de commentaire

Ben voilà, déjà mars. Il y a un an, je m’apprêtais à démarrer une nouvelle aventure.

J’avais confié la petite Micra K11 à mes Sainte-Mariens préférés, que je remercie encore du fond du cœur parce que c’est pas facile d’être officiellement ami(e) de Last-Minute-Nadine. J’avais également envahi leur garage, avec des cartons qui devaient prendre trois fois l’avion pour arriver à Okinawa mais qui ont pitoyablement fini leur voyage dans le sous-sol de mes parents, faute de les avoir fait peser avant de demander un devis basé sur le volume estimé.

Je stressais encore en attendant les derniers papiers pour décoller. Avec un pic d’adrénaline quand le Certificate of Eligibility, le papier nécessaire pour le visa, s’est retrouvé à La Réunion quand j’étais déjà en métropole, moins d’une semaine avant mon départ.

J’allais bientôt poireauter des heures pour m’enregistrer auprès des autorités locales, ouvrir un compte en banque, obtenir un téléphone portable, faire renouveler mon permis de conduire japonais. Et des jours pour acheter une voiture, et enfin signer mon contrat de travail.

J’allais bientôt me retrouver à dormir sur le campus même, faute d’hébergement pas cher disponible à proximité. Avec un rhume surinfecté, dans un bungalow froid, humide et poussiéreux, mais un toit. Pendant deux semaines, j’allais donc traverser chaque matin la cour gazonnée en pyjama pour atteindre la salle de douches du bâtiment administratif. La veille du premier jour de classe, j’allais finalement emménager dans mon appartement avec vue sur la mer (de loin, mais quand même, je l’ai eue ma vue). Et j’allais devoir dévaliser les magasins d’occasion pour meubler les lieux, aménager la cuisine et m’habiller, puisque les cartons n’étaient pas près d’arriver.

J’allais bientôt rencontrer mes collègues et mes trente petits élèves, commencer à crouler sous la tonne de choses nouvelles à maîtriser, et découvrir peu à peu les bons et les mauvais côtés du lieu.

Et j’allais bientôt apprendre que ma petite March, la titine jaune poussin qui m’a tapé dans l’oeil à mon arrivée, s’appellerait Micra K12 en Europe. Si c’est pas un signe, ça.

Bref, encore une année passée trop vite. De plus en plus de chance que je reste, mais toujours rien de confirmé. Je suppose que j’aurai mon contrat encore plus tard que l’an passé…

Petit ajout: procédure de renouvellement du visa en cours, avec le droit de rester jusqu’à deux mois après la date d’expiration en attendant le nouveau visa (pour trois ans, et avec le vrai statut cette fois). Pas besoin de m’envoler pour Taïwan le 19 mars donc, faudra que je me trouve une autre excuse pour y aller.

Illegal Immigrant

22:28 | 3 commentaires

Hier matin, comme tous les jours depuis des mois, je me lève en me disant que c’est pas encore aujourd’hui que je recevrai mon nouveau contrat.

Après tout, la rentrée est dans un mois et demi, on a laaaaaaaaargement le temps de décider qui sera en face des élèves le premier jour, n’est-ce pas ? Et il y a de par ce vaste monde des centaines de candidats hyper-qualifiés et tellement motivés pour lâcher leur taf au dernier moment afin d’être recrutés dans la meilleure école de l’univers pour des clopinettes, pourquoi se presser à prouver aux profs en place qu’ils ont suffisamment démontré leur valeur pour avoir l’extrême honneur d’être ré-embauchés.

Hier, la Saint-Valentin et son étrange manège nippon d’échange généralisé de chocolats n’a évidemment rien changé à la situation. L’Amour Universel sous vide est partout, on se sourit et on se dit merci, mais l’administration ne montre toujours aucun signe d’humanité. Ce qui pourrait se comprendre de la part de gens qui ne s’intéressent qu’aux profits engrangés par une école semi-privée dont ils ont indûment obtenu la charge, mais ils ne montrent pas non plus le moindre signe d’une quelconque compétence en gestion. Ce qui est plutôt inquiétant, vous ne trouvez pas ?

Mais hier, quelque chose me tracassait. J’avais le sentiment diffus d’avoir oublié un truc à faire, un truc un peu important. Soudain, je me suis précipitée pour vérifier mon passeport : arghl, le visa !

Oui, l’école ne fait pas des masses confiance à son personnel, surtout à ces fainéants d’étrangers toujours prêts à profiter du système. Plutôt que de faire une demande pour un visa de travail de trois ans dès le premier contrat, je n’ai donc eu droit qu’à un visa d’un an. Et même pas d’enseignant, mais ne nous attardons pas sur les détails.

Donc je serai immigrante illégale à partir du 19 mars. L’année scolaire se termine le 20, et mon contrat le 31. La bonne blague.

Bien sûr, j’ai prévenu immédiatement notre chère direction et commencé à remplir les formulaires. Mais est-ce que ça suffira ?

Rassurez-vous, je ne suis même pas stressée. Ce n’est qu’une dose hallucinogène de plus, banalité de l’environnement absurde dans lequel je baigne depuis presque un an. Ça me fait plutôt rigoler, tellement c’est ridicule.

Et j’ai de bonnes raisons de vouloir quand même rester, j’en parlerai plus tard ! Là, j’ai la crève, donc je retourne me coucher.

La vie en rose

19:07 | Un commentaire

J’ai fait une terrible erreur, et je tiens à la réparer.

Avant mon départ pour Okinawa, j’ai dit haut et fort qu’une chose allait me manquer horriblement par rapport à ma vie tokyoïte : les cerisiers en fleur. J’étais convaincue que le climat local ne me permettrait pas de profiter de cette magie du printemps nippon.

Mais les arbres sont bien là, et ils fleurissent déjà.

Aujourd’hui, lors de ma balade dominicale dans le quartier, mon cœur a vacillé en voyant toutes ces petites beautés fragiles. Rose bonbon, rose fuchsia, rose très pâle, il y en avait pour tous les goûts.

À la fois Sakuras et Bougainvilliers, en ce deuxième jour de février, que pourrais-je décemment demander de plus ?

Ne pas avoir à travailler le dimanche, peut-être. Et savoir si j’ai un boulot en avril aussi.

Mais les fleurs étaient si belles, le ciel si bleu et le soleil si doux, ces détails insignifiants ne viendront donc pas me gâcher la journée. C’est la Nadine 2014 qui vous parle, version 4.0-zenified.

 

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Koronbo, le retour

16:29 | Pas de commentaire

Je vous ai déjà parlé des épisodes de Columbo du samedi après-midi. Doublés en japonais, langue qui ne colle pas du tout aux mouvements des lèvres et aux expressions des acteurs américains.

Aujourd’hui, j’ai décidé de tenter à nouveau de comprendre comment fonctionne ma Smart TV. Elle est super smart, c’est vrai, mais les menus sont en japonais, avec plein de caractères que j’ai encore du mal à distinguer. C’est donc mon petit niveau de japonais qui limite fortement l’usage de ses super fonctionnalités.

En passant, depuis mon arrivée, j’ai plein de Smart Trucs. Avec le Smart Phone, c’est facile, l’interface est en anglais. La Smart Key de la voiture, y’a qu’à la garder sur soi et appuyer sur le bouton de la poignée de porte pour enclencher l’ouverture ou la fermeture. Pas besoin de beaucoup de neurones. J’avoue avoir détesté l’idée d’une “clé électronique” au début, mais dès les premières grosses pluies, j’ai trouvé ça drôlement pratique.

Bref. Reprenons.

Au début, comptant principalement sur l’intelligence (révélée) des concepteurs de l’interface de ma super télé, j’avais réussi après quelques essais à naviguer dans les programmes et sélectionner les émissions à enregistrer, ponctuellement ou de façon répétitive, et à utiliser plus ou moins la liste des enregistrements. Ah, j’étais pas peu fière ce jour-là ! Ça m’avait permis entre autres de suivre une série matinale assez spéciale : Amachan.

Après avoir baigné un peu plus dans l’ambiance japanophone et avoir enfin accroché dans mes toilettes les posters des Kanjis à apprendre au cours des trois premières années de l’école élémentaire, je me suis dit que c’était le moment de retenter ma chance. Au lieu d’effacer un à un les enregistrements, je sais maintenant utiliser le “Menu rapide”, un grand progrès. Et surtout, j’ai découvert comment changer l’audio d’une émission multilingue… Je peux donc regarder Columbo en version originale !!!

Ça fait plaisir de constater que, malgré le peu de temps libre et le peu de cerveau disponible que le boulot me laisse pour apprendre le japonais, il y a quand même des choses qui rentrent peu à peu. Je suis moins déprimée, tout de suite. Merci Lieutenant Columbo.

Bonané 26

02:34 | 2 commentaires

Nous sommes maintenant en l’an 26 de l’ère Heisei. Parce qu’ici, on compte les années par règne impérial. Ça rend les formulaires un peu compliqués à remplir : quand on donne sa date de naissance, il faut préciser la période. Heureusement, l’ère Shōwa a commencé en 1926 et a duré 63 ans, ça réduit bigrement le nombre de cases.

L’empereur Hirohito avait alors choisi le doux nom d’ère de “la paix éclairée”, ce qui devait discrètement signifier “Alors les gars, on va envahir un peu les pays voisins mais c’est juste pour pacifier”. Il me semble que ça s’est mal goupillé vers l’année 19, mais c’était trop tard pour changer de nom. Akihito a voulu lui succéder dignement avec son ère de “l’accomplissement de la paix”. Avec la Corée du Nord et la Chine, c’est toujours pas gagné.

Bref. Qu’est-ce que je voulais dire ? Ah oui !

Je vous souhaite à tous, famille et amis, une excellente cuvée 26/2014. Je sais pas pour vous, mais de mon côté ça serait sympa qu’elle soit meilleure que les deux précédentes.

C’est l’année du Cheval, c’est sûrement un signe… Bybye Mon Petit Poney Club ?!

In Kyushu

Ayé

06:18 | Pas de commentaire

À mon tour d’être placée en quarantaine. Paraît que c’est pas une maladie, mais quand même, je me sens un peu fiévreuse…

Bonus du 9/11: pour fêter mon passage dans la catégorie “Cougar en pantoufles”, la terre a légèrement tremblé chez nous, juste avant les douze coups de minuit. Non, mes pantoufles ne sont pas de vair. Et la fièvre, c’était juste un rhume de plus.

23:59 JST 08 Nov 2013 – Okinawa-honto Kinkai – Magnitude 3.9 (Intensité 1 d’après l’Agence japonaise de météorologie)

Nan, pas elle !

16:32 | Pas de commentaire

Je l’ai pourtant dit : “La Pastorale, ça me déprime.” Ben ils la passent quand même, les monstres, juste pour tester mes nerfs.

Beethoven, le bienheureux, ne savait pas encore ce qu’on allait faire subir à Mère Nature en quelques décennies, c’est donc une pièce plutôt enjouée, hein. Mais y’a rien à faire, moi ça me rappelle toujours Soleil Vert.

Ouais, le week-end j’écoute Radio Classique quand je bosse, merci mon ami Internet. En général ça me permet de me concentrer. Mais la Pastorale, non, vraiment pas.

Surtout quand mon dernier grand-père entre en soins palliatifs, avec l’espoir que ça se termine vite.

Mise-à-jour du 2014/01/05 : Finalement, mon Pépé s’est miraculeusement remis de son gros coup de pompe et n’a pas eu à rejoindre le centre de soins palliatifs. Il va bien, pour le moment ! Ouf.

Amèri

23:40 | Pas de commentaire

Alors voilà, je suis finalement restée à l’abri aujourd’hui, école fermée. Et ça m’a fait grand bien, merci Danas. J’ai pu participer activement à la Révolution des Goyas (1), terminer mes préps bien avant l’heure tardive habituelle et me reposer un peu après une semaine éprouvante. C’est que c’est dur de jouer les chronomètres sur pattes quand on aurait pu être en vacances, je vous assure. Et ça repart pour 12 semaines d’affilée, on rigole pas au pays des sushis.

Pour m’auto-congratuler d’avoir usé mon cerveau tout le week-end, je me suis affalée devant la télé avec un bon bol de Nesquik (2) et deux énormes tartines de pain beurré. Comme au pays. Je vais bientôt payer pour m’être goinfrée de gluten, de lactose et de sucre, mais m’en fous, j’en avais tellement envie.

Donc, NHK 103, ma chaîne fétiche. Et bam… アメリ en VO. Pas l’Amélie de « Stupeur et tremblements », non l’autre, celle qui fait des ricochets dans un Paris de contes de fées.

Encore un signe cryptique des Kamis ? En tout cas, je vais me coucher avec le sourire. Et le bide qui gargouille.

(1) Le goya est un légume typique d’Okinawa, mais qu’on trouve notamment à La Réunion sous le petit nom de margoze. Très amer mais plein de vitamines. Ça correspond bien à cette tentative désespérée de changer les choses dans notre microcosme totalitaire…

(2) Ouais, y’en a qui attaquent le pot de crème glacée ou la bouteille de rhum, moi c’est le Nesquik.

Typhonique

19:32 | Pas de commentaire

Fitow est bruyant depuis hier soir. Gros vent et trombes d’eau, enfin un typhon qui mérite son nom. Pas de bol, il débarque un samedi. Mais avec un peu de chance, j’aurai ma première fermeture d’école lundi, car Danas suit de près et devrait nous arriver droit dessus !

Inconvénient majeur de ces forts changements de pression, j’ai un bon mal de crâne qui refuse de se laisser endormir par les cachets habituels. Grmpf. Mais ce temps torturé reflète finalement bien mon humeur du moment.

J’ai envoyé ma première candidature hier, c’est qu’il faut que je commence à penser à mon avenir. Avril, c’est bientôt. J’espère toujours pouvoir rester ici, je me sens bien à Okinawa et j’ai encore de grandes ambitions pour mes petits élèves. Mais me faire exploiter plus longtemps par une bande d’incompétents cupides et butés, c’est hors de question. Donc soit la Révolution en marche porte ses fruits d’ici novembre, soit je me prépare à une nouvelle aventure.

Rassurez-vous : aucun regret.

De la frustration oui, mais pas de regret. Jamais.