Tant de cerveaux disponibles ?

18:38 | 4 commentaires

Donc, maintenant, j’ai la télé. Et un peu de temps libre aussi. J’arrive pour le moment plutôt bien à dominer les deux réflexes dévastateurs classiques : le zapping compulsif et l’extinction totale du cerveau. Ah, ce moment béni des annonceurs de tous poils, quand les programmes abrutissants ont rendu notre cerveau disponible.

Pour m’éviter le pire, je me cantonne aux vidéos jouées depuis mon ordi (notamment Arrêt sur images) et aux chaînes les moins dangereuses : France 24, France 5, TV5 Monde, et surtout Arte et la Chaîne parlementaire. Oui, je suis plutôt bobo-intello-chiante, j’assume. Mais hier soir, j’ai eu un moment de faiblesse. Et *BAM*, je tombe sur une pub qui a eu le mérite de me prouver que mon cerveau hypnotisé n’était pas encore complètement inactif.

D’abord, je la trouve sympathique : un conte de fées en images de synthèse, avec des chevaliers qui tentent de devenir roi en récurant une vieille marmite. Le héros débarque, son flacon de Cif à la main, la crasse disparaît comme par magie, c’est rigolo comme idée. Sauf quand le héros en question retire son casque et qu’on découvre que c’est… une femme. Qui devient la reine d’un château tout propre tout brillant. Fondu sur une femme en chair et en os dans sa cuisine. Belle et radieuse, la reine du ménage.

Je ne sais pour vous, mais moi ça me pose un problème. Et je ne suis pas la seule, c’est rassurant. Ce que j’ajouterais à l’analyse de cette râleuse invétérée, c’est que ce genre de message, effroyablement sexiste, formate d’abord les princes et princesses d’aujourd’hui, braves consommateurs de demain, en plus de continuer à diffuser ses valeurs moisies chez les adultes consentants, femmes infantilisées comme conjoints que le statu quo arrange bien.

Cher Cif, tu m’aurais présenté un vrai chevalier qui sait aussi bien faire le ménage qu’une femme (si si, je t’assure, au XXIème siècle en France, on en trouve plein !), j’aurais applaudi. Là, tu m’as juste donné la furieuse envie de te boycotter à vie. D’autres consommacteurs dans le coin ?

Soylent Green

21:59 | Pas de commentaire

Ce film m’avait fortement impressionnée la première fois. Certes, j’étais très jeune et facilement impressionnable. Le revoir ce soir, quelques décennies plus tard, m’a de nouveau fait forte impression, c’est dire si je vous le recommande.

Bon, c’est vrai, côté décors et jeu d’acteurs, ça a un peu vieilli. Il date de 1973 quand même, on peut l’excuser.

Certaines scènes étaient gravées dans ma mémoire de poisson rouge, et je les ai retrouvées tout aussi perturbantes. Lorsque le vieux Sol se décide à “céder sa place” – images champêtres en apparence banales, et Pastorale beethovienne qui me semblait bien trop gaie et que je ne peux depuis plus entendre sans me sentir horriblement mal à l’aise. Ou dans l’appartement sordide, quand le héros présente à son vieil ami une pièce de bœuf, dérobée à un de ces très riches planqués dans des résidences ultra-sécurisées, alors qu’il n’en a lui-même jamais goûté.

Par contre, je croyais me souvenir qu’au lendemain de l’émeute, après le ramassage à la pelleteuse des manifestants, les tablettes vertes réapparaissaient en masse sur le marché bondé. Le cerveau n’aime visiblement pas les cases vides, il est prompt à proposer de quoi les remplir. Ça, ça m’a également perturbée, mais pas pour les mêmes raisons, donc.

Bref, un excellent film d’anticipation, sombrement plausible, dont le message essentiel reste tristement d’actualité. L’histoire se déroule en 2022. Espérons qu’elle se cantonnera à la science-fiction.

Une vraie gamine

19:16 | 3 commentaires

Bientôt la qu… trentaine. Disons la QuTrentaine. La trentaine quantique quoi, on ne sait pas si elle est là ou pas. Bref. Je pensais que cette obstination au jeunisme, c’était juste dans la tête. Mais non, pas seulement.

Il m’aura donc fallu beaucoup d’années pour me choper une otite séromuqueuse. OSM de son petit nom. En général, ça s’attrape avant 10 ans. Ça se soigne bien paraît-il, et tant mieux parce que ça fait deux semaines que ça dure et ça commence à me taper sur les nerfs.

Et en passant, histoire de réduire les risques que ça recommence et de m’éviter d’avoir aussi fréquemment le plaisir de me faire liquéfier la cervelle par un sale rhume, je vais gagner l’opération enfantine classique : on va m’enlever les amygdales. Hé ouais, je fais pas les choses à moitié, moi, je suis une perfectionniste.

L’année prochaine, c’est l’appendicite?

Maniaco-réceptive

19:12 | 4 commentaires

J’ai craqué. Depuis aujourd’hui, j’ai de nouveau une télé.

Grand écran LCD. Face au canapé. Mais connecté à l’ordi autant qu’au décodeur TV. L’honneur est sauf.

Le vieux 17″ branché à mon PC commençait à donner des signes de faiblesse, et j’aime bien regarder les films et les séries sur un écran confortable, et je me sentais un peu déconnectée aussi, faut être honnête. Il ne manque plus qu’un disque externe pour enregistrer les émissions qui m’intéressent.

L’installer, c’était facile. Vient maintenant un gros travail sur moi : m’interdire zapping et blocage maladifs. Allez, j’vais y arriver.

Mouais, 2012, l’année des changements.

La cloche a sonné…

23:18 | 2 commentaires

Comment bien démarrer l’année scolaire ?

  1. Aller à l’école pendant deux jours pour faire bêtement acte de présence, car les maires ont décidé de reporter la rentrée pour râler contre la réduction du nombre de contrats aidés.
  2. Rendre son rapport de stage à 3h du matin, avec juste quelques heures de retard sur la date limite. Pas comme si j’avais fini le stage début avril.
  3. Le jour de la rentrée effective, apprendre à 8h20 qu’il faut prendre une classe de CP à 8h30. Dans une autre école, bien sûr. Dommage, c’est le seul niveau pour lequel je n’étais absolument pas préparée.
  4. Par la soutenance de stage, en finir avec deux années bien trop tassées.
  5. Trouver un appartement. Vivable et dans mes prix. Pas évident.
  6. Après une semaine de CP, tomber dans deux classes de CM2. Puis trois classes de maternelle.
  7. En passant, choper l’inévitable virus énergivore.
  8. Commencer à emménager. Les cartons puent la moisissure, le garde-meubles a dû oublier de mettre en route les déshumidificateurs.
  9. Un mardi, démarrer avec plaisir un remplacement de presque deux semaines en CE2, dans la classe d’une future maman qui traînait sur les mêmes bancs de l’IUFM trois ans plus tôt. De quoi faire quelques petites choses intéressantes.
  10. Défaire des cartons. Pour changer.
  11. Apprendre le vendredi, à la récré de l’après-midi, que le “vrai” remplaçant débarque finalement le lundi suivant. Projets lancés… à la poubelle.
  12. Au bout de deux semaines, admettre que le virus a laissé quelques traces : surinfection, sinusite carabinée qui inflamme douloureusement l’oreille interne, antibiotiques et week-end de merde.

 
Mouais, bon début, globalement.

Réouverture imminente

23:58 | Pas de commentaire

Et voilà. Encore des cartons à redéballer, des machins à relaver, des bidules à reranger… mais déjà le Net, ya du progrès. Bref, la guesthouse sera bientôt de nouveau ouverte. Cette fois-ci dans le Nord, pas loin de l’aéroport. Je vous attends !

Détail amusant : j’habite maintenant à Sainte-Marie (prénom de ma môman) et je travaille à Sainte-Suzanne (prénom de ma grand-mère maternelle). Lignée féminine vite rompue, car Sainte-Nadine ne semble pas avoir retenu l’attention des premiers réunionnais. Injustice flagrante dont je compte me remettre rapidement en vidant les bouteilles de rhum arrangé qui ont tranquillement mûri en mon absence.

Dame oui, cette année, je profite.

Orage, Ô désespoir

21:51 | Pas de commentaire

J’ai dû mettre les dieux berlinois en colère, l’orage se déchaîne au-dessus de ma tête. Je suis rentrée trempée du resto. Celui que j’attendais depuis trois jours de tester, drôle d’idée aussi de fermer le mardi et le mercredi.

Mais c’était pas contre eux, je vous le jure. Si j’avais les larmes aux yeux en dégustant ma première bouchée de sashimi de daurade qui tue, c’est parce que j’ai tout à coup été transportée bien loin. Ce délice, c’était ma petite madeleine à moi. J’ai pas fait exprès.

Ça ne veut pas dire que je ne suis pas ravie de passer un peu de temps dans leur pays. Quels soupes-au-lait ces Germains!

Vire-langues

19:21 | Pas de commentaire

Wo pour Where et Wer pour Who, Wenn pour If et Wann pour When. Je me souviens maintenant pourquoi le passage de l’allemand à l’anglais m’avait paru si confus au collège.

Ne parlons pas des subordonnées alambiquées avec le verbe ou son auxiliaire à la fin, mais pas toujours. Ou des verbes aux multiples préfixes qui transforment sans fin leur sens. Ou pire, des conjugaisons, ou des déclinaisons. Ou le summum: le genre des noms. Plus cauchemardesque qu’en français car ils en ont trois, des genres! Et pas les mêmes associations que les nôtres, bien sûr. La mort est masculine, la vie est neutre, le soleil est une fille et la lune est un garçon. Pas plus bête que nous, mais faut s’en souvenir.

Bref, pas simple. Mais quand même, on peut leur accorder ça, cette langue est en général agréablement logique et bien réglée. On peut pas en dire autant de la nôtre, hein.

Et tous ces mots que je reconnais si bien mais qui sortent encore si mal, c’est désespérant! Ya du progrès quand même, en trois jours, j’ai donc bon espoir d’être capable d’avoir un semblant de conversation ce week-end. Je veux dire pas seulement cette bouillie anglo-germano-chaipôtrop.

En même temps, ce week-end, ça devrait être surtout la tournée des clubs alors je ne vais peut-être pas beaucoup parler. On verra…

Ich bin ein Berliner!

23:13 | Pas de commentaire

Disons pour deux semaines et demie, c’est déjà ça. Premiers pas dans cette ville mythique, qui n’a certainement rien à voir avec celle que mes parents ont visitée peu de temps avant La Chute, mais qui commence déjà à me plaire.

Un peu galère pour atteindre le petit appartement que je loue pour mon séjour, mais me voilà “chez-moi” pour un moment. Grâce au superbe guide Berlin – Itinéraires que Pierre a eu la gentillesse de me prêter, j’ai découvert que je loge dans LE quartier bobo, auparavant haut lieu de la résistance passive au gouvernement communiste: Prenzlauer Berg. Et qu’on y trouve notamment l’un des meilleurs restaurants japonais de la ville. Trop belle la vie.

Pour être honnête, j’ai choisi ce charmant quartier chargé d’histoire et de sushis un peu par hasard. Je voulais juste pouvoir aller à pattes à l’école. Parce que bon, je vais en traumatiser plus d’un, je le sais bien, mais je suis entre autres ici pour (ré-)apprendre un peu d’allemand. Et pour couper court aux inévitables moqueries, je vous rappelle que je suis en vacances pour 6 mois et pas vous, alors je fais ce que je veux de mon séjour berlinois, et toc.

J’y peux rien, moi, si ça m’éclate autant d’apprendre des langues étrangères. Les décortiquer, les admirer, les critiquer, les comparer, les écorcher. Découvrir ce qu’elles cachent de la culture des peuples, ce qu’elles conservent de l’Histoire, ce qu’elles permettent ou non d’exprimer. C’est magique, le langage, non?!

Pis bon, les week-ends, j’aurai de la visite : je compte ne pas seulement me remplir le crâne, car le vider, ça fait aussi du bien de temps à autres.

Atterrissage en douceur

20:55 | 3 commentaires

Me voilà de retour à La Réunion. Déjà. Je ne sais pas trop par où commencer.

Peut-être en évoquant mon surprenant soulagement quand j’ai mis les pieds à Maurice? Apparemment, mon passage en Inde a été plus stressant que je le croyais. Stage enrichissant mais un peu trop gourmand, à la fois énergivore et chronophage. Expériences humaines multiples, tantôt positives tantôt perturbantes, qui donnent toutes à réfléchir. Et trop de choses ratées pendant ce court séjour, il va falloir y retourner. Accompagnée.

Ou alors en chuchotant “C’est bon d’être enfin à la maison!”? Même si, en réalité, je suis SDF pour quelques mois encore, à passer de cases en apparts, d’amis en membres de la famille élargie. Le plaisir de revoir tout le monde, avec pour une fois le temps d’en profiter. Et en même temps, l’impression de n’avoir ma place nulle part.

Mouais. Je ne sais pas trop par où commencer.