Un peu court, mon cher

20:35 | 5 commentaires

Jean m’annonce qu’il vient passer ses vacances au Sri Lanka, profitant de la présence de sa soeur pour quelques semaines encore, et qu’il faut que je vienne. Alors bon, je m’arrange comme je peux pour prendre 3 jours autour d’un week-end, pendant une très courte période de calme au boulot, et hop j’embarque pour le petit pays voisin.

Cinq jours de balades sympathiques, mais bien trop de transport à mon goût en si peu de temps.

D’abord, près de 24h de trajet depuis Pondichéry jusqu’à Trincomalee:

  • Chloé qui me dépose à la gare routière vers 8h
  • contrôleur qui m’assure “Il faut prendre ce bus là, il va à l’aéroport de Chennai, pas de problème.”
  • bus qui me débarque après 3h30 au milieu de la route avant l’aéroport
  • auto-rickshaw qui m’emmène en 15mn jusqu’à l’aéroport en travaux
  • petit stress au moment du check-in (“Faut un visa à l’avance, au fait?!”) et au passage à l’immigration (“Comment ça, vous n’avez pas toujours sur vous le papier prouvant votre enregistrement auprès de l’immigration?!”)
  • moins d’1h30 de vol à me faire photographier et filmer par mes voisins comme une star oscarisée
  • visa à l’arrivée (“Ouf!”)
  • petit stress pour trouver de l’argent (“Ah non, on change pas les roupies indiennes ici.” puis “Comment ça je peux pas retirer plus de 30€ en roupies sri lankaises au distributeur?”)
  • navette gratuite puis mini-bus qui me débarque après 1h30 au milieu de la route avant la gare de train
  • achat d’une carte SIM pour appeler Laetitia mais c’est pas le bon numéro
  • j’atteins difficilement le bon guichet, mais c’est vendredi soir donc ya plus de couchettes disponibles, ni de sièges-couchettes, juste des places sans réservation en 2nde ou 3ème classe, ça promet
  • je poireaute 1h sur le quai, et à l’arrivée du train, je me précipite dans un wagon 2nde classe et je m’installe (“Ouais, j’ai réussi!”) et…
  • j’apprends que je suis dans la partie du train qui se sépare en pleine nuit pour une autre destination
  • je me précipite dans un autre wagon 2nde classe et je m’installe (“Ouais, j’ai réussi!!”) et…
  • j’apprends que je suis dans le wagon des sièges-couchettes réservés
  • je me précipite dans un autre wagon 2nde classe et…
  • ya plus de place assise
  • enfin, si, on me prend en pitié, pauvre touriste assise sur le sol entre deux voitures avec mes sacs, et on déplace finalement les valises pour me laisser m’asseoir sur un siège fixe et pas très rembourré
  • départ 21h, arrivée 6h30, gâh.

 
Démarrant la journée en bonne compagnie, avec petit déj sur la plage déserte à deux pas de la guesthouse et baignade tranquille dans une eau claire à température idéale, j’oublie vite la fatigue du voyage. Ok, la sieste sur le sable en fin d’après-midi m’a un peu aidée à tenir jusqu’au soir. Au programme du week-end: plage et snorkeling, temples qui mélangent allègrement Bouddha et les dieux hindouistes, crevettes grillées, causette avec les pêcheurs du coin, pastas italiennes et punch qui a fait quelques kilomètres.

Le dimanche après-midi, deux bus pour atteindre Polonnaruwa, site touristique majeur de l’île. Visite du parc archéologique à vélo le lendemain matin, des vieilles pierres qui me rappellent singulièrement Angkor. Petit pincement au cœur.

Puis changement de plan: nous avions prévu de passer par Sigiriya, pour visiter la forteresse planquée tout en haut d’un gros caillou, mais le temps va nous manquer. Nous prenons finalement tout de suite le bus pour Colombo, histoire d’être rentrés le soir au lieu de passer la nuit sur la route. On nous dit “pas de souci, 5h de bus et il s’arrête toutes les 2h pour la pause-pipi”. Il s’arrête effectivement pour la pause-pipi, au bout de 5h, mais on a encore 2h de trajet. Une chose est sûre: les voyages en train, même dans des conditions pas très confortables, c’est quand même vachement mieux que le bus.

Le lendemain matin, shopping dans les boutiques de la capitale, et me voilà déjà sur le chemin du retour. En bonne backpackeuse du dimanche qui avait largement eu sa dose d’exotisme, j’ai pris un taxi pour l’aéroport à Colombo, puis un taxi pour revenir de Chennai.

Bilan: un peu mal aux fesses, mais une bonne coupure! Et l’envie de retourner un de ces jours pour profiter plus longuement de cette goutte de terre qui a drôlement vite cicatrisé de la récente guerre civile.

Et les hoppers, c’est super bon.

Triste anniversaire

18:21 | Pas de commentaire

Un an déjà, que le couple séisme-tsunami a ravagé la côte nord-est du Japon.

Bybye l’artiste

18:06 | Pas de commentaire

Ben snif alors, Moebius est parti.

Opération S.A.R.I.

21:30 | 4 commentaires

Lundi, c’était la photo d’équipe. Consigne : les femmes en sari. Donc samedi, c’était shopping.

Premier critère : coton ou soie, pas de synthétique. Ce qui élimine la plupart des magasins bon marché et 90% du stock des autres. Deuxième critère : ni blanc, ni noir. Troisième critère : pas hors de prix.

J’ai failli craquer pour un noir avec de beaux motifs argentés et dorés, et pour un blanc-crème aussi, et pour un vraiment cher aussi, mais j’ai tenu le coup. Le vendeur devenait fou à mesure que mon indécision grandissait. “Et çui-là, tout en bas?” “Ah non, trop de motifs.” “Et l’autre là, tout en haut?” “Ah non, pas assez de motifs.” “Trop jaune.” (remplacer par brillant, rose, terne…) “Oui, vert mais pas ce vert.” (remplacer par bleu, orange, rouge…)

Dans la quarantaine de modèles sortis des étagères, j’ai réduit mon choix à une dizaine, puis trois, puis un seul. Heureusement que Chloé m’accompagnait, ça m’a évité de céder à la frénésie d’achat qui me guette à chaque fois que j’ai le malheur de sortir pour mettre à jour ma garde-robe.

Au final, un magnifique sari en soie et coton, bleu turquoise et bordeaux avec bordures et discrets éléments dorés.

Le matin même, j’ai essayé de le mettre. Chloé a bien tenté de m’aider. Fiasco. On demandera aux collègues. Pour ma chère coloc, c’est plus facile: elle a un one-minute-saree, les plis sont déjà faits, il suffit de l’enfiler comme une jupe avec châle intégré. Même pas mal.

Bon, après cet échec cuisant, tour du marché pour trouver des fleurs à s’accrocher dans les cheveux. J’avais juste ma blouse, cachée par une longue chemise, et le grand jupon moche. Pour une blanche, j’étais mal fagotée. Pour une indienne, j’étais en sous-vêtements. Bref, je me suis plus ou moins baladée à moitié à poil dans toute la ville. Tout est relatif, finalement.

Puis les fameuses collègues, appliquées et patientes, ont tout bien plié, enfoncé, tiré, épinglé… l’étaler, l’attrapper d’un côté, faire deux fois le tour, faire les plis du bas une fois pour évaluer la taille du tissu restant, placer les plis du haut sur l’épaule, les fixer avec une épingle à nourrice à la blouse, refaire les plis du bas, tasser et ajuster de partout… c’est bien compliqué! Mais tellement joli.

Puis mission “coiffure-maquillage”, pour que la tête colle un peu moins mal au costume. Et là, je découvre avec désespoir que j’ai réussi à m’éclabousser de jus de grenade pile poil dans le beau rectangle bleu bien exposé.

Pathétique.

Dénouement

12:39 | 2 commentaires

Voilà. Il a avoué. Il a aidé la police à retrouver le couteau et les ciseaux utilisés pour taillader, charcuter, faire mal. Il a expliqué pourquoi. Des raisons tristement banales: une histoire de fric, bien sûr, et la folie de la jalousie. Celui qui brille plus, qui réussit mieux, qui semble tellement heureux, le punir et se venger de la frustration qu’il engendre, plutôt que de se remettre en question.

Son propre frère.

Tout est possible !

17:48 | 4 commentaires

Devendra, c’est le nom d’un des milliers de dieux de l’hindouisme, celui du Ciel, le Roi des Dieux. C’est aussi le nom de ce jeune indien dont je vous ai parlé. Je devais déjeuner avec lui ce midi. Depuis son coup de fil, je me demandais comment aborder avec lui, clairement mais gentiment, les relations entre Occidentales et Indiens. Mardi, il m’appelle pour me proposer de venir manger chez lui, dans le petit village de pêcheurs qui prolonge la promenade au bord de mer du quartier blanc. J’accepte avec plaisir. Il venait de recevoir son premier passeport, il était tout heureux ! Peu à peu, ses rêves se réalisaient, lui, l’Intouchable sorti de son bled près de Jaïpour !

Jeudi, j’apprends une nouvelle qui me garde encore sous le choc.

On a retrouvé son corps. Chez lui, dans un bain de sang. Il a été sauvagement assassiné. Il a probablement été torturé aussi. J’ai vu la photo, immonde, en première page du journal local.

Entre nausée, questions en boucle, et impression étrange d’être en plein dans une série policière américaine. C’est pas pour du vrai.

Le soir même, quelqu’un m’appelle sur mon portable. “Police! What’s your name? Where are you? We have questions!”. Euh, il est presque dix heures du soir, je suis une pauvre Blafarde isolée, sûrement que je vais dire où je suis. Comment savoir s’il s’agit bien de policiers, dans ces circonstances ? Je leur dis de venir le lendemain matin à l’Alliance. Ce qu’ils font. Interrogatoire poli mais poussé, fouille des textos et du registre d’appels, puis rencontre avec un couple d’Italiens que je devais, ironie morbide, justement rencontrer le lendemain chez le garçon au sourire rayonnant.

Pas encore de réponse quant aux raisons de cet acte barbare et incompréhensible. Probablement une histoire de jalousie entre clans, il réussissait trop bien pour sa caste. Peut-être une histoire de famille. Rumeurs autour d’histoires de drogue, de moeurs, d’un couple de Français suspect qui ne répond pas au téléphone… espérons que les coupables seront retrouvés, mais peu de chance paraît-il.

« Avec Devendra, tout est possible ! »

C’était son motto. Il avait 23 ans et tout était encore possible.

Invasion

12:53 | Pas de commentaire

Je ne compte pas choper les maladies favorites de ces petits saligauds. Enfin, de ces petites enfoirées, pour être précise. Et ma peau réagit fort mal à leurs piqûres. Donc dès mon arrivée, j’ai acheté une moustiquaire. Un truc qui peut faire très joli sur un lit à baldaquins, qui fait plutôt moche dans ma chambre mais qui est résolument indispensable à ma survie en milieu hostile.

Jusqu’à présent, je me régalais au coucher rien qu’à l’idée de la belle nuit qui m’attendait, et au réveil de la belle nuit que je venais de passer. C’est important quand on se lève entre 5 et 6h, tout de même. Mais depuis une semaine, ces moments se sont transformés en cauchemars. Tous les matins, elles m’attendent, affamées, vrombissantes, surexcitées. Une trentaine au bas mot, agrippées à la moustiquaire, qui me sautent dessus dès que j’en sors, qui me poursuivent jusque dans les toilettes, la cuisine, la douche. Rien que l’idée de me lever me stresse maintenant terriblement !

Et ce matin, je me suis rendue compte avec horreur que j’avais oublié la raquette-à-griller-les-bestioles au bureau. Séquence hystérie… impossible de se battre  à mains nues contre un escadron de suceuses de sang. J’y ai perdu quelques plumes, et mon flegme raisonné.

Paraît que c’est la saison. Là, je vais acheter ce que je me refusais à utiliser : La Bombe Insecticide. J’aurai le dernier mot.

Faire l’amour à une Française

13:38 | 2 commentaires

Voilà un titre qui devrait m’attirer des lecteurs… temporaires, car ils vont être déçus par ce billet. Désolée les mecs.

À mon arrivée, un jeune rajisthanais m’a abordée alors que je prenais tranquillement des photos en ville. Il avait appris le français à l’Alliance mais n’avais plus assez d’argent pour continuer, il cherchait donc des touristes pour pratiquer l’oral. Soit. Ce garçon a de grands rêves: visiter la France et devenir guide francophone à Jaïpour, sa ville natale. Tout à fait faisable, mais il a choisi des voies particulières pour y parvenir. J’ai l’impression qu’il n’est pas le seul, ceci dit.

Je l’ai d’abord trouvé sympathique et amusant, un peu naïf peut-être. Chloé l’a surnommé “ton prétendant” tout de suite, je me suis dit qu’elle exagérait. Elle avait raison: il devenu rapidement envahissant. Du genre à qui l’on dit “je te recontacte la semaine prochaine” et qui débarque le lendemain chez toi sans prévenir et sans être invité. Ou qui appelle pour dire qu’il nous a vues sortir de l’immeuble pour partir avec un ami en balade, et revenir, mais que bon, “c’est votre vie”. Un peu flippant, quoi.

Bizarrement, j’ai un peu mal réagi. Constatant que je n’étais pas aussi cool et disponible qu’il l’espérait, il a tenté sa chance avec ma pauvre coloc. On a fini par lui faire comprendre qu’elle était macquée et qu’il fallait qu’il nous laisse respirer.

Vendredi soir, il m’appelle après une dizaine de jours de répit, car il avait des questions à me poser. Il a rencontré une française avec qui ils ont échangé des expressions (en Hindi pour lui, en français pour elle), mais il ne comprenait pas comment et quand les utiliser: logique, elle lui a donné des proverbes! Ensuite, il entre dans le vif du sujet: “Est-ce que tu peux m’expliquer comment on fait l’amour à une Française?”. Et là, je bloque. Il doit y avoir un malentendu.

Je réponds en anglais, pour être sûre qu’on parle bien de la même chose. “You mean, how to have sex with a French girl?!”. “Non non non!”. Ah ok, il veut savoir “comment faire la cour à une Française”, comment lui parler d’amour quoi. “Au 3ème rendez-vous, c’est bon? Je lui dis qu’elle est charmante?”. Hmmmm moui, tu peux. Et si elle répond “t’es bien sympa mais faudrait calmer tes ardeurs”, tu la lâches hein. “Tu comprends, on a parlé longtemps, on a échangé des expressions.” Ah ouais, c’est sûrement un signe qu’elle est prête à se marier avec toi.

J’espère avoir été claire quand je lui ai expliqué qu’une Occidentale pouvait être amicale avec un représentant étranger de la gente masculine sans forcément vouloir se faire draguer. Mais je doute que le message soit passé. Je lui demanderai à l’occasion… en tout cas, il m’a bien fait rire.

Snif snif… hein?!

14:52 | Pas de commentaire

Et là, je me dis que l’odorat est tout de même un sens bien utile.

Il y a une quinzaine de minutes, je rentre de la pause déjeuner, après un fabuleux thali à 1€50 (c’est cher pour la région, je vous assure). Je m’installe à mon bureau, prête à me relancer dans du PhP qui me saoûle. Et je sens une odeur bizarre… plastique brûlé… j’ouvre la fenêtre, je sors, je renifle comme un petit chien: dehors, dans la pièce voisine, rien. Dans mon bureau: ça a empiré.

J’appelle le chef logistique au secours: ma prise murale en train de fumer!

Hop, on éteint tout, on démonte, on constate que le régulateur du ventilateur de plafond est complètement fondu, on coupe les fils encore chauds, on relie directement au ventilo, on referme. Bon, maintenant j’ai plus le choix, c’est pales à fond. Ça ou un incendie, que choisir…

Pondy – épisode 1

16:25 | 2 commentaires

Une arrivée tranquille, mais pas pour longtemps…