Le permis de conduire au Japon, c’est pas comme chez nous. Je ne parle pas du permis international délivré en France, un peu gonflant à faire reconnaître, et qui de toute façon n’est utilisable que la première année pour les résidents.
Non, je parle du vrai permis.
Tout comme pour notre petit sésame rose, il faut cravacher et payer le prix fort pour le passer, plusieurs fois si nécessaire, pour une qualité de conduite similaire. Nos deux pays ont donc passé une convention qui permet aux Français d’obtenir facilement le permis japonais à partir d’une traduction certifiée. Croyez-moi, c’est une vraie galère pour mes collègues américains ou philippins obligés de passer le permis local.
Différence importante cependant : en France, on a le permis à vie. Au japon, il est valable 3 ans seulement, et il faut le renouveler à temps si on ne veut pas avoir à se retaper toute la procédure.
Voilà pour la partie informative. La partie perso maintenant…
Avant de débarquer à Okinawa en mars 2013, j’avais pris soin de retrouver le permis que j’avais fait faire à Tokyo. Périmé, soit, mais qui m’avait été délivré grâce à la fameuse traduction certifiée. Mon permis français étant permanent, l’idée ne m’a jamais effleurée qu’un permis expiré ne serait pas considéré comme suffisant pour le faire renouveler.
Sur place, j’ai bien tenté d’expliquer qu’une nouvelle traduction certifiée serait exactement la même que la première qui m’avait permis d’obtenir le premier permis japonais, puisque mon permis français n’a pas changé, rien à faire. La règle, c’est la règle.
J’ai donc dû repasser par un organisme de traduction autorisé, puis refaire les démarches pour me voir délivrer un tout nouveau permis, vert car j’étais à nouveau considérée comme “conductrice débutante au Japon”. Mais ils m’ont gentiment autorisée à ne pas coller le symbole “jeune conducteur” sur ma voiture. Ouais, la règle, c’est la règle, mais pas pour tout.
J’ai appris par la même occasion qu’on devait être l’un des rares pays à délivrer un permis à vie…
Bizarrement, le permis n’est pas exactement valable 3 ans, mais “jusqu’à un mois après votre anniversaire au cours de la 3ème année”. J’ai donc reçu fin septembre une lettre m’informant que je devais faire renouveler mon permis entre le 8 octobre et le 8 décembre.
Alors voilà, j’ai fait ça hier.
Il suffit de se présenter à l’un des centres agréés aux horaires indiqués, pour suivre un cours de 2h de remise à niveau. On était une quinzaine. La procédure elle-même prend une dizaine de minutes : formulaires à remplir, test de vision ridicule, paiement, photo, terminé. Je pense avoir saisi l’essentiel de ma séance d’immersion :
- faut pas conduire bourré, ça tue des gens et ça coûte très très cher (*) ;
- faut respecter les feux rouges ;
- faut mettre son clignotant, surtout pour sortir d’un rond-point (le formateur a bien insisté car il y a peu de ronds-points à Okinawa) ;
- faut pas prêter sa voiture à quelqu’un qui n’a pas le permis (?!) ;
- faut bien faire attention aux deux-roues qui font n’importe quoi même s’ils sont supposés respecter le code de la route.
À la fin, on nous apporte nos nouveaux permis. Le mien est bleu, pour “conductrice confirmée sans accident”, valable 3 ans. Il paraît qu’on peut gagner un permis doré aussi, pour les “super-conducteurs”. Il doit également y avoir une couleur pour les seniors, qui ont un autocollant spécial “plus de 70 ans”…
J’en ai profité pour noter un peu de vocabulaire et affiner ma compréhension du verbe mamoru, beaucoup utilisé dans les séries animées pour “protéger”, mais qui signifie aussi respecter (les feux rouges, les bonnes manières…).
Pas perdu mon après-midi, quoi.
(*) D’après leurs exemples, jusqu’à 528 millions de yens (4 millions d’euros) pour un taxi impliqué dans un accident mortel il y a quelques années… Je me demande s’il pourra jamais payer son amende !